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FERTILISATION Les sols ne sont pas morts

Les sols français ne sont pas si mauvais que cela, révèle le premier rapport sur l'état des sols de France. Même si, malgré des points de satisfaction, un certain nombre d'indicateurs préoccupent.

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Il y a dix ans naissait le Groupement d'intérêt scientifique Sol (GIS Sol), chargé de coordonner la mise en place d'un système d'information sur les sols. Dix ans de travaux pharaoniques et l'heure de dresser un premier bilan scientifiquement quantifié, sous forme de cartes, de l'état physique, chimique et biologique des sols. Les principales conclusions ont été dévoilées le 18 novembre dernier au siège de l'Institut géographique national, à Saint-Mandé (Val-de-Marne).

Des dizaines d'indicateurs à la loupe

Parmi les points positifs, et c'est une surprise, les sols ne semblent pas s'acidifier. Contrairement à l'idée répandue dans la profession et réitérée il y a deux mois par l'Unifa, les pH se stabiliseraient depuis une quinzaine d'années. " L'acidification ne semble pas être un véritable problème dans les sols cultivés, a exposé Dominique Arrouays, ex-directeur de l'unité Infosol de l'Inra qui coordonne le GIS Sol. Ce qui montre que les pH sont assez correctement gérés dans les sols de France. " Autre révélation du chercheur : " Les sols ne sont pas morts. Aucun sol ne paraît stérilisé. " En témoignent les mesures effectuées sur la quantité d'ADN micro bien (voir carte). Sur le plan des pollutions, malgré l'identification de contaminations avérées (cadmium, plomb), la grande majorité des sols de France présente des teneurs en éléments traces métalliques plutôt faibles. Hormis certains pesticides particulièrement rémanents (lindane, DDT), les polluants organiques sont aussi rarement observés dans les sols français. " La situation est en tout cas moins préoccupante que dans d'autres pays. "

Malgré tout, le bilan est nuancé par d'autres menaces qui pèsent sur les sols de France. En premier lieu l'artificialisation des terres. Souvent irréversible, elle s'est accélérée entre 2003 et 2009 où 6 100 km2 d'espace naturel ont disparu, l'équivalent de la taille d'un département moyen. L'érosion semble également préoccupante puisque 17 % du territoire se trouve dans une situation qui n'est pas durable. Il y a également des incertitudes sur l'évolution du stock de carbone organique, qui semble plutôt en baisse. Enfin, contrairement au potassium, dont la teneur ne semble pas diminuer, beaucoup de sols ont des teneurs en phosphore relativement faibles, même si d'autres sont a contrario en situation de fort excédent.

Capitaliser sur les conclusions du rapport

Au regard de ce bilan, le rapport a globalement été bien accueilli par les utilisateurs du sol agricole et par les pouvoirs publics. Certes, le travail cartographique est à parachever, notamment sur certains indicateurs (autres contaminants, minéralisation et vulnérabilité des sols face au changement climatique), mais certains, comme l'Agence de l'eau, y voient un outil pour simuler des scénarios d'aménagement. Même Lionel Vilain, de France nature environnement, a avoué que " globalement, à la lecture de ce rapport, les sols n'ont pas de gros problèmes, même s'il faut nuancer selon les régions ". " Ce travail peut relancer le débat sur l'importance des sols ", a souligné un représentant européen, et pourquoi pas raviver les travaux sur la directive européenne des sols, aujourd'hui au point mort.

Renaud Fourreaux

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